Les Femmes et la Conquête Spatiale
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Tracy Caldwell, Naoko Yamazaki, Dorothy Metcalf-Lindenburger et Stephanie Wilson dans la Cupola dans l'International Space Station, en 2010. |
Bienvenue dans ‘Elles Conquièrent l’Espace’ une émission qui va
vous faire voir leurs exploits sciencifiques… et les plafonds de verre ! 65 femmes seulement sont allées là-haut.
Savez-vous que :
- La première femme dans l'espace, Valentina
Terechkova, a volé en 1963... mais l'URSS n'a envoyé aucune autre femme
pendant 19 ans ?
- La France, pourtant pionnière en aérospatial, n’a
envoyé qu’une seule femme dans l’espace : Claudie Haigneré (1996).
- La première sortie spatiale 100% féminine a éte
annulée... par manque de combinaisons taille S ?
Un chiffre clé : Seulement ~15% des astronautes ayant voyagé dans
l’espace sont des femmes.
Pourquoi ? Parce que les combinaisons sonnt trop grandes, les médias trop
sexistes, et les mentalités… toujours en apesanteur.
Prêt.e.s pour le compte à rebours : 3, 2, 1...?
I. Les Pionnières qui ont ouvert la voie
Nous sommes en 1963. Valentina Terechkova tourne autour de la Terre. Elle est là, dans
l’espace, la première femme à quitter la planète. Au sol, les ingénieurs
soviétiques parient qu’elle va s’évanouir. Dans l’espace, elle corrige seule
une erreur qui aurait dû la tuer. Dans son casque, une voix résonne :
‘Chaïka, comment vous sentez-vous ?’ Elle sourit. ‘Je vois la Terre… elle est
magnifique.’"
Voilà l’histoire de
A.
Valentina Terechkova (1963) – La première femme dans
l’espace
Valentina est née en 1937, fille d’un conducteur de tracteur mort au
front et d’une ouvrière textile, elle quitte l’école à 16 ans pour travailler à
l’usine. "Le
soir, dit-elle, je rêvais en regardant les étoiles depuis notre isba".
Elle pratique le parachutisme en secret. Un instructeur lui dit : "Les
filles devraient sauter à la corde, pas en parachute !"
Mais
en 1961, quand Youri Gagarine devient le premier homme dans l’espace, "elle
se dit : « si un homme peut le faire, une femme aussi." Et elle écrit au Kremlin : ‘Pourquoi pas une femme ?’
Sélectionnée parmi 400 candidates, elle subit des tests humiliants : 'Pouvez-vous uriner debout comme un homme ?'" Un entraînement brutal. Les instructeurs me répétaient: 'Ne pense pas,, appuie juste sur les boutons. Pourtant, c'est moi qui ai sauvé Vostok-6."* *Ma Vie parmi les Étoiles* (autobiographie non traduite)
Le 16 juin 1963,, Valentina décolle à bord de Vostok 6 ... Pendant 3 jours, elle endure nausées, combinaison trop grande, les moqueries radio des hommes au sol et les médias qui ne retiennent que son ‘joli sourire’. Elle raconte :
"Dans mon kit de vol, ils avaient glissé... devinez quoi ? Du rouge à
lèvres, des lingettes parfumées et une poupée. J'ai utilisé la poupée pour
tester l'apesanteur devant les caméras, puis je l'ai jetée….Quant aux
lingettes, je les ai utilisées pour nettoyer les hublots." (mémoires de
Terechkova, 1975).
Pendant son vol, elle découvre une erreur de trajectoire qui aurait pu la perdre dans le
vide. Elle corrige les calculs en secret, sauve sa mission.
Elle
ne pourra le révéler que 30 ans plus
tard : « Je dois dire que mon vaisseau spatial avait un défaut sur un système
automatique. Pendant la phase de freinage, le vaisseau était orienté non pas
pour la descente mais pour la montée. Son orbite remontait. Du coup, j'aurais
pu ne pas revenir…J'ai dû corriger manuellement l'orientation du Vostok-6."
Grâce
à son sang-froid, elle atterrit saine et sauve dans un lac trainée
par son parachute. Elle nage en
vomissant, avant de sourire pour les caméras.
Bien
qu’elle ait accompli 48 orbites, plus que tous les astronautes américains
réunis, à son retour, Khrouchtchev
la transforme en poupée de propagande : on l’exhibe en robe et talons, on cache
ses difficultés. Au débriefing, le colonel m'a dit : 'Ne racontez pas ça, nous
dirons que les calculs étaient bons.'
"Après mon vol, les officiers m’ont convoquée pour me dire : ‘Tu as bien joué ton rôle, maintenant retourne à ta machine à coudre.’ J’ai répondu : ‘Je sais piloter un vaisseau, pas repriser vos chaussettes.’ Ils n’ont pas aimé.
Malgré son
désir de retourner dans l'espace -
Terechkova ne revolera jamais, Les responsables masculins jugent les
femmes "trop émotionnelles". Elle poursuit une carrière
politique, devient députée à la Douma russe.
·
dès 1966, elle milite pour relancer le programme féminin, sans
succès. Elle dit à l’ONU en 1975 : "Un
oiseau ne vole pas avec une seule aile !" Et ajoute
« L’espace ne demande pas si vous êtes un homme ou une femme. Il demande
juste du courage. »
Son désir de retourner dans l’espace reste intact. À 83 ans en
2020 elle déclare : "Je signerais demain pour un
aller simple sur mars. La mort dans les étoiles vaut mieux qu’un fauteuil à la
Douma."
Pendant 19 ans, aucune femme n’a plus volé jusqu’à ce qu’en 1982, une pilote casse-cou rappelle au Kremlin que les femmes savent voler. Son nom ? Svetlana Savitskaïa."qui réalise un autre exploit : elle devient la première femme à sortir dans l'espace en 1984, battant encore une fois les Américains. Mais les femmes sont loin d'être égales aux hommes dans cette conquête..."
B.
SVETLANA SAVITSKAÏA :
LA PREMIÈRE MARCHEUSE DE L’ESPACE
Je la cite :
"L’espace n’a pas
de genre. Seuls les petits hommes en inventent."
Née en 1948 dans une URSS en pleine
guerre froide, Svetlana Savitskaïa grandit dans l’ombre d’un père général de
l’aviation, elle saute, à 17 ans, en parachute et pulvérise le record féminin
avec un saut de 14 000 mètres. "Mon père m'a appris à voler... la
société voulait m'apprendre à me taire", écrira-t-elle plus tard.
À l’Institut d’aviation de Moscou, on
lui refuse l’accès aux cours techniques, "réservés
aux hommes". Qu’importe : elle les suit en cachette, décrochant son diplôme
d’ingénieure avec les honneurs. La science, elle le prouvera, n’a pas de sexe –
seuls les calculs comptent. Pourtant, en 1980, quand elle intègre le programme
spatial soviétique après être devenue championne du monde de voltige aérienne,
l’URSS lui impose des "tests de féminité" absurdes :
·
Porter une jupe en apesanteur et se maquiller en vol. ("Pour préserver votre
grâce"),
· Subir des examens gynécologiques mensuels elle demande
alors "Pourquoi les hommes n’ont pas ces contrôles ?" "Eux
n’ont pas d’humeurs changeantes." Et ajoute "Si mes hormones vous
gênent, retirez-moi l'utérus, pas le siège du vaisseau.
- Maintenir
un sourire pendant les tests à 8G ("Montrez-moi un homme qui
sourit sous cette pression")
Quand un ingénieur lui demande "Comment comptez-vous gérer vos
règles dans l’espace ?". Sa réponse : "Comme vous gérez
votre incontinence, avec des équipements adaptés."
Elle souligne après un test de pilotage sous pression :
"Quand un homme panique, on appelle
ça un stress technique. Quand c’est une femme, c’est une crise de nerfs."
25 juillet 1984 : 215
minutes de révolution
Ce jour-là, À 330 km au-dessus de la
Terre, Savitskaïa devient la première femme à marcher dans le vide spatial. Pendant
3h35, elle répare un réservoir endommagé, armée d’une simple clé à molette
rouillée.
Mais l’exploit a un goût amer. Pendant
l'entraînement, un commandant a tenté de la saboter en coupant son
oxygène. "Tu veux ma place ? Viens la prendre", rétorque-t-elle.
Pendant sa sortie, des collègues masculins se moquent via la radio : "Retourne
à ta cuisine, l'espace est pour les hommes, pas pour les hystériques."
Elle dit : "Je flotte vers le vide… mais je tiens bon."
C.
Passons aux États Unis pour évoquer Les Mercury 13, ces pionnières que la NASA n’a
jamais envoyées dans l’espace (1960)
"1960. Tandis que l'URSS envoie Valentina Terechkova dans
l'espace, les États-Unis ont un secret : des femmes pilotes d'exception,
surnommées plus tard les Mercury
13, Elles ont passé avec succès les mêmes tests physiques et
psychologiques que les astronautes masculins du programme Mercury mais elles n'iront jamais
dans le cosmos. La NASA et l’armée américaine n’étaient pas prêtes. ‘L’espace
n’est pas un endroit pour une femme’, disait-on."
Parmi elles, Jerrie Cobb, une pilote chevronnée, elle se distingue par ses performances
exceptionnelles. Elle résiste 10h30 dans un bac d’isolation sensorielle,
contre seulement 6h pour John Glenn futur héros national. Pourtant, le
motif officiel de leur exclusion est aussi absurde que révélateur : 'Les femmes distraient les
équipages.' Sous-entendu : leurs corps seraient trop dérangeants pour les astronautes
masculins."
Même si certaines obtiennent de meilleurs résultats que leurs homologues
masculins, le Congrès américain
refuse d’étudier leur dossier. L’astronaute Scott Carpenter résume l’état
d’esprit de l’époque avec une phrase qui en dit long :
"Le rôle des femmes dans l'espace ? Faire le café."
Malgré leur combat, les Mercury
13 ne voleront jamais pour la NASA. Certaines deviendront
instructrices, d'autres abandonneront l’aviation. Wally Funk, l'une des plus
déterminées, paiera même 200 000 $ en 1995 pour un vol touristique… à l’âge de 76 ans.
"'Je voulais juste prouver qu'ils avaient tort', murmure-t-elle.
En 1995, un documentaire leur rend enfin hommage, avec cette
phrase poignante de l’une d’entre elles :
"Nous n'avons pas perdu. Nous avons ouvert une brèche."
"20 ans après le rejet des Mercury 13, une physicienne de 32 ans Sally Ride. Devient la première astronaute américaine en 1983, Après sa mort, on a appris qu’elle avait également été la première astronaute gay à aller dans l’espace. Elle incarne la revanche des femmes exclues... mais son parcours révèle d'autres combats."
D.
Sally Ride face aux stéréotypes : Sally Ride (1983) –
La première Américaine
Biographie
Née en 1951 en Californie, Sally Ride excelle très tôt en
sciences et en tennis). Après un double diplôme en physique et anglais à Stanford,
elle obtient un doctorat en astrophysique en 1978. La même année, la NASA la
recrute parmi 8 000 candidats – elle est l’une des six premières femmes
astronautes américaines, cinq ans seulement après l’ouverture du
programme aux femmes.
Prouesses techniques
·
Première Américaine dans l’espace (1983) : À 32
ans, elle participe à la mission STS-7 à bord de la navette Challenger, déployant
des satellites et testant le bras robotique qu’elle a contribué à concevoir.
·
En 1984 - Mission STS-41-G : Elle retourne
dans l’espace, cumulant 343 heures en orbite.
·
Post-NASA : Après la tragédie de Challenger (1986), elle co-dirige
l’enquête, puis fonde Sally Ride Science (2001) pour promouvoir les STEM auprès des filles.5Sciences,
technologies, ingénierire et mathématiques)
Combats invisibles : sexisme, homophobie et
héritage
1. Face aux stéréotypes de la NASA
En 1983, alors que Sally Ride s’apprête à devenir la première
Américaine dans l’espace, la NASA lui remet un "kit spécial
femme" absurde comprenant (100 tampons pour une mission de 6
jours, du maquillage "anti-éblouissement" qu’elle le refuse avec
humour : "J’ai
pris un stylo et un cahier à la place." Le pire ? Son kit de
maquillage obligatoire est emballé dans du plastique rose.
Un mémo interne de la NASA, de 1982, confirme cette tendance :
l’agence spatiale recommandait de "féminiser sa présentation" pour ne
pas "effrayer le public".
·
La NASA lui suggère aussi de "sourire plus" et
d’éviter les "larmes qui bouchent les filtres".
Les médias des années 1980 semblent obsédés par sa féminité
plutôt que par ses compétences. Lors d’une conférence de presse, un journaliste
lui demande sans gêne :
"Est-ce
que vous porterez un soutien-gorge dans l’espace ?" elle répond :
"Il
n’y a pas de gravité. À quoi ça servirait ?" et "Personne n’a
demandé à John Glenn ce qu’il portait sous sa combinaison."
Mais derrière cette répartie se cache une frustration profonde.
Dans ses notes, elle écrit :
"Les journalistes ont passé plus de temps sur mon
soutien-gorge que sur le système de navigation de la navette." À
aucun moment mes collègues masculins n’ont eu à répondre à ce genre de
questions absurdes. Pourtant, une fois dans l’espace, la gravité ne fait pas de
distinction entre hommes et femmes." "Dans l’espace, ce qui comptait, c’était
notre travail, pas notre genre."
2. Une pionnière LGBTQ+ discrète
·
Sa vie privée est cachée : Son compagnon officiel lors de
ses missions était un homme (astronaute), mais après sa mort en 2012, on
découvre sa relation de 27 ans avec sa compagne, Tam O’Shaughnessy.
·
Double lutte : Dans les années 1980, être gay aurait pu lui coûter sa
carrière à la NASA (où les discriminations persistaient).
3. Héritage féministe et scientifique
·
Son institut la, Sally Ride Science, forme des milliers de jeunes filles,
brisant le plafond de verre dans les STEM.
· Citation iconique : "On ne voit pas de frontières depuis l’espace. Juste une Terre fragile."
1996, base de Baïkonour : Une femme s’apprête à devenir la
première Française dans l’espace. Pourtant, ce dont parlent les journalistes,
c’est... de sa coupe au carré !
E.
Claudie Haigneré : Première Française dans l'espace,
Biographie
Née au Creusot en 1957, Claudie Haigneré est une surdouée : bac à 15 ans,
doctorat en médecine à 24 ans, puis spécialisation en rhumatologie et
neurosciences. En 1985, elle est la seule femme sélectionnée
parmi 1 000 candidats pour le programme spatial français du CNES, malgré les
doutes des médias : "On
vous a prise pour vos compétences... ou parce que vous êtes une femme ?".
Après 11 ans d’entraînement intensif (centrifugeuse, tests psychologiques,
simulations en milieu hostile), elle s’envole vers la station Mir en 1996, devenant
la première Française et Européenne dans l’espace. Quand elle rejoint
la station Mir en 1996, la presse titre «
La jolie Française de l’espace ». Un ministre ira même jusqu’à la
présenter comme "la
femme la plus intelligente… et jolie de l’ESA". Les journaux
se focalisent sur sa coupe au carré et son "élégance en apesanteur"
On lui pose des questions ridicules : "Comment gérez-vous vos cheveux sans gravité
?" Sa réponse : "J’ai
emporté mon cerveau, pas du mascara
Prouesses Techniques et Scientifiques
· Mission Cassiopée (1996) : 16 jours à bord de Mir pour des
expériences sur l’adaptation du corps en apesanteur (muscles,
système nerveux, vieillissement cellulaire).
·
Mission Andromède (2001) : Première Française à bord de l’ISS, où elle étudie
l’ionosphère et les fluides en micropesanteur.
·
Ses travaux ont ouvert la
voie aux recherches sur le vieillissement et la réadaptation musculaire des
astronautes
Elle subit aussi le sexisme ambiant :
·
Des Tests de féminité obligatoire avant son vol,
comme si son utérus intéressait plus la science que son doctorat.
·
À son retour de l’ISS, un ministre lui tend un
bouquet… alors qu’il serre la main de ses collègues masculins en
discutant propulsion.
· Ses expériences révolutionnaires sur le vieillissement dans l’espace
sont éclipsées par des commentaires sur son apparence.
Ministre… et "caution scientifique décorative"
Devenue ministre déléguée à la Recherche (2002-2004), elle
démissionne, lassée du machisme politique : « J’en avais assez d’être la caution scientifique décorative
», confie-t-elle.
Aujourd’hui, elle se consacre aux nouvelles générations avec un
message clair :
« Les filles, ne laissez
jamais quiconque vous dire que l’espace n’est pas pour vous. »
Et quand on lui demande ce qu’elle a vu depuis l’espace, sa
réponse résonne comme un manifeste :
« Pas de frontières.
Juste une Terre fragile... et assez de place pour tous les rêves. Même ceux des
petites filles qui veulent toucher les étoiles. »
Quand en 2021, une lycéenne lui a écrit : "Grâce à vous, je veux devenir astrophysicienne." Claudie lui a répondu en lui envoyant… un morceau de métal de la station Mir.
Après ces quelques portraits abordons le :
II.
SEXISME ORBITAL :
Depuis Youri Gagarine jusqu’aux missions Artemis, l’espace a été
conçu comme un territoire masculin. Combinaisons spatiales, toilettes,
équipements… pendant des décennies, les femmes ont dû lutter non
seulement pour avoir leur place dans l’espace, mais aussi contre un équipement
pensé exclusivement pour les hommes
« Quand j’ai commencé mon entraînement, les scaphandres étaient
standardisés pour des corps masculins. Mon plus grand défi n’était pas
l’espace, mais l’habit que je devais porter pour y aller. »
Cette astronaute anonyme résume une réalité longtemps ignorée :
l’exploration spatiale a été bâtie sur des normes masculines, reléguant les
femmes à des ajustements de fortune.
A.
Une
histoire de combinaisons : soixante ans d’exclusion technique
L'histoire commence mal pour Valentina Terechkova. Sa
combinaison, bricolée à la hâte, illustre déjà le problème : des sangles
supplémentaires pour la taille, un casque rembourré, des gants trop grands
bourrés de mousse. "C'était
comme porter le costume de son grand frère", racontera-t-elle.
Soixante ans plus tard, la situation n’a que peu
évolué.
Des années
1960 aux années 1980 : les ajustements de fortune
Les pionnières spatiales ont dû se contenter de
combinaisons conçues pour des hommes. Dans les années 1980, alors que les
premières Américaines prennent place dans les navettes spatiales, les
équipements restent inadaptés :
·
Les combinaisons pressurisées provoquent des
ecchymoses aux hanches et aux épaules.
·
Les harnais, mal positionnés, compriment
douloureusement la poitrine.
·
73 % des astronautes femmes souffrent de
douleurs lombaires chroniques (NASA, 1987).
·
47 % d’entre elles perdent des ongles à cause
des gants trop grands (NASA, 2020).
Jessica Meir se souvient :
"J’ai perdu trois ongles à cause des gants inadaptés. La solution officielle ? 'Coupez-vous les ongles'."
En 2022, la Japonaise Chiaki Mukai a dû annuler une sortie extravéhiculaire : il n’existait tout simplement pas de gants en taille S.
Peggy Whitson raconte dans son
journal spatial (2017) :
"J’ai
passé six mois à modifier ma combinaison moi-même. Le jour où j’ai demandé un
budget pour adapter les gants aux mains féminines, l’ingénieur en chef a ri :
'Apprenez à vos filles à avoir des mains d’homme.'"
2019 : Le scandale qui fait tomber les
masques
L'affaire éclate au grand jour en 2019. La NASA s'apprête à
réaliser une première historique : une sortie spatiale 100% féminine avec
Christina Koch et Anne McClain. Mais l'agence doit annuler... Motif ? Aucune
combinaison taille S disponible.
« Nous n’avions pas prévu qu’une femme
moyenne (1,65 m) puisse sortir dans l’espace. » avouera un
ingénieur sous couvert d’anonymat. Révélation choquante : depuis 1962, les
scaphandres ont toujours été conçus pour des hommes d’1,80 m, ignorant les
morphologies féminines (moyenne : 1,65 m).
Des
solutions bricolées par les astronautes elles-mêmes
Face à ce manque criant d'adaptation, les femmes astronautes
développent une ingéniosité forcée. En 1995, Eileen Collins, première femme à
piloter une navette spatiale, doit résoudre un problème inédit : comment
maintenir sa poitrine en apesanteur ?
"Le service médical m'a proposé... de la bande adhésive
chirurgicale !" Sa solution ? Un simple soutien-gorge sportif glissé sous
la combinaison, Une solution simple, mais que personne n’avait envisagée avant
moi."
Il deviendra un prototype informel pour les
missions suivantes.
Christina Koch, recordwoman du temps dans l'espace, résume
amèrement : "328 jours dans l'espace, mais aucune de ces heures dans
une combinaison à ma taille. On m'a dit : 'Ton corps est le problème'. Pas
notre équipement.'
Rétrécissez vos épaules." Comme si rétrécir mes épaules était plus
simple que coudre un scaphandre adapté."
Claudie Haigneré,
première Française dans l’espace :
"Mon entraînement sous-marin a duré deux fois plus longtemps : ma
combinaison flottait comme un sac ! Un handicap invisible qui réduit encore
aujourd’hui les chances des femmes pour les missions extravéhiculaires."
Jessica Meir (2019) :
"Nos solutions 'maison' remplacent toujours
l’innovation absente. Chaque fois qu’une astronaute bricole son équipement,
elle écrit le manuel que la NASA n’a pas prévu."
Pendant que les ingénieurs concevaient des systèmes à milliards
de dollars, aucun budget n’était alloué pour étudier les spécificités féminines.
Aucune étude sur le maintien des seins en apesanteur avant les
années 2000. Résultat : les combinaisons comprimaient douloureusement la
poitrine lors des décollages.
2023-2025 : Un tournant timide mais réel
La pression médiatique finit par payer. La NASA développe enfin
des combinaisons ajustables (bien que 30% plus lourdes) et intègre des
sous-vêtements techniques féminins. Le programme Artemis prévoit même des tests
sur mannequins féminins.
Mais le retard est immense. Il aura fallu :
·
60 ans pour tester une combinaison sur morphologie féminine
·
15 millions de dollars par combinaison... jamais adaptée
à 50% de l'humanité
·
2025 pour la première combinaison conçue initialement pour des
femmes
Jessica Meir résume cette lente évolution :
"Chaque progrès a été arraché par celles qui refusaient de
se faire dire que leur corps était le problème."
Transition
:
Mais l’improvisation a ses limites. Au-delà des combinaisons, c’est tout l’équipement spatial qui ignore les besoins des
femmes – y compris dans des aspects aussi basiques que… les cheveux.
la gestion des cheveux en
apesanteur reste un défi technique et culturel méconnu.
B. Les défis capillaires
des femmes astronautes : Un équipement inadapté
Les combinaisons spatiales ne prennent pas en
compte la diversité des cheveux. Un rapport technique de la NASA (2013) le
confirme :
"Les casques EVA sont conçus pour des crânes
rasés ou des coupes masculines courtes. Résultat : 78% des astronautes femmes
doivent tresser excessivement leurs cheveux (risquant une alopécie), utiliser
jusqu’à 20 épingles (dangereuses en apesanteur) ou supporter des points de
pression douloureux."
Des casques qui ignorent la moitié de
l’humanité
Sunita Williams (NASA, 2007) en a fait l’amère expérience :
"Mes cheveux de 25
cm flottaient comme des méduses, se coinçant dans les joints mécaniques. J’ai
fini par les attacher en un chignon si serré que j’avais mal en permanence. La
solution officielle ? 'Coupez-les.' Personne n’a jamais suggéré cela à mes
collègues masculins barbus."
Pire : en 2019, un incident critique sur l’ISS a été attribué… à
une mèche de cheveux. Un rapport relate qu’"une
boucle de 30 cm s’est enroulée autour d’un interrupteur d’oxygène, causant un
dysfonctionnement." La conclusion ? "Limiter la longueur des
cheveux féminins." Aucune mention, pourtant, des trois incidents similaires
impliquant des barbes de 15 cm.
L’absence de solutions pour les cheveux crépus
Pour les astronautes noires, le problème est encore plus
complexe. Mae Jemison, première astronaute noire (1992), a dû improviser :
"J’ai inventé un
système de nattes ultra-serrées pour caser mes cheveux sous le casque. Les
ingénieurs m’ont regardée comme si j’apportais un problème exotique.
Pourtant, 34 % des femmes astronautes actuelles sont métissées – et aucun
prototype n’existe pour nos textures."
Une étude du MIT (2021) révèle que les femmes noires
consacrent 72 minutes par jour supplémentaires à gérer leurs
cheveux en mission (prévention des cassures, fabrication de produits
capillaires adaptés). Un fardeau invisible, ignoré par les agences spatiales.
En 2021, un email interne SpaceX a exposé un cas flagrant de
discrimination :
"Problème : Les
cheveux crépus de la candidate #45 ne rentrent pas dans le casque. Solution :
La recalifier."
Samantha Cristoforetti (ESA, 2015) a vécu l’absurdité du mépris
:
"Quand mon dernier
élastique a cassé, j’ai utilisé du fil de cuivre. Ground Control a ri
: 'Typique des filles et leurs histoires de cheveux.' Personne n’a ri
quand un homme a utilisé du scotch pour réparer son rasoir."
Derrière ces anecdotes se cache une réalité plus sombre : l’exploration spatiale
reste conçue par et pour des hommes. Les cheveux longs, crépus ou
texturés ne sont pas un "détail" – mais le symbole d’un système qui
n’a jamais pris en compte la moitié de ses explorateurs.
·
Transition
:
Si les cheveux sont un casse-tête, imaginez alors… les toilettes. Un sujet tabou, mais crucial,
qui révèle à quel point le corps féminin a été ignoré. Jusqu'en 2020,
aucun système n'était adapté à l'anatomie féminine
C. Les toilettes : un
tabou révélateur
Sally Ride
était prête. Première Américaine dans l’espace, elle avait surmonté des mois
d’entraînement, de tests et de préparations minutieuses. Mais une chose
essentielle avait été oubliée. « Ils m’avaient préparé un kit de maquillage
spatial... mais pour les toilettes, rien. J’ai dû improviser avec des tubes en
plastique. »
Son éclat de rire masquait à peine l’absurdité de
la situation. Dans un monde d’ingénierie de pointe, où chaque détail était
calculé au millimètre près, les besoins des femmes n’avaient même pas été
envisagés.
Des décennies plus tard, en 2007, Peggy Whitson affrontait le même problème. Lorsqu’elle
réalisa que le système de toilettes conçu pour les hommes ne fonctionnerait pas
pour elle, elle prit les choses en main. « Saviez-vous que j’ai dû fabriquer un
entonnoir en plastique à partir d’une bouteille de shampooing ? Les hommes
avaient des systèmes sur mesure depuis Gagarine... Le pire ? La NASA a breveté
mon design l’année suivante sans me créditer. » Un éclat d’ingéniosité, volé et
invisibilisé, une histoire tristement familière.
Son journal de bord de 2008 en dit long sur les
défis du quotidien spatial pour les femmes : Jour 147 : L’entonnoir
UCD s’est décroché, projetant de l’urine dans le module. J’ai passé l’heure
suivante à chasser des bulles dorées avec des lingettes désinfectantes.
Ironique : nous pouvons amarrer un vaisseau à 28 000 km/h, mais ne savons pas
concevoir des toilettes pour femmes.
Samantha
Cristoforetti, astronaute européenne, raconta une anecdote similaire en
2022. Lorsqu’elle demanda pourquoi le système n’était pas adapté aux femmes, la
réponse fut cinglante : « Parce que personne ne pensait qu’une femme irait dans
l’espace. » Et pourtant, elle y était. Debout face à une réalité à laquelle
elle ne s’était pas préparée :
Personne ne vous prépare au choc
psychologique de votre première tentative aux toilettes dans l’ISS. Vous devez
viser un trou de 10 cm tout en vous maintenant en position contre une sangle,
avec la peur constante que le système échoue. Le pire ? Quand l’alarme “défaut
d’étanchéité” retentit et que tout le module est alerté.
Et il y avait encore pire. Anne McClain, astronaute de la NASA, confia dans un soupir : « Nous
devions nous retenir 14 heures pendant les sorties spatiales... ou utiliser des
couches pour adultes. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2018, un
rapport de la NASA révéla que le système conçu en 1981 provoquait des fuites
dans 43 % des cas pour les femmes. Il fallut attendre 2023 pour que le Congrès
américain débloque 23 millions de dollars pour… des toilettes unisexes. Une
avancée tardive, mais nécessaire.
Finalement, l’espace n’est qu’un miroir grossissant
des inégalités terrestres. Comme le disait si bien Claudie Haigneré : « Nous
devions prouver que nous étions capables, mais aussi constamment adapter un
environnement qui ne nous attendait pas. » Car du soutien-gorge au scaphandre,
le combat reste le même : faire entrer les corps féminins dans un monde qui
refuse de les voir.
Et Peggy
Whitson d’ajouter : « L’espace ne sera pleinement accessible aux femmes que
lorsque nos besoins élémentaires cesseront d’être considérés comme des
problèmes secondaires. »
Transition vers d’autres luttes :
« Mais le sexisme ne
s’arrête pas aux équipements… »
D.
Règles dans l’espace : comment la NASA a ignoré les astronautes
femmes pendant 60 ans
« 100
tampons pour 6 jours. »
Cette instruction absurde remise à Sally Ride en 1983 résume à elle seule des
décennies de sexisme dans la conquête spatiale. Alors que les hommes
disposaient de systèmes d’urinoirs depuis 1961, les astronautes femmes ont dû
bricoler, cacher leurs règles, ou subir des prescriptions contraceptives
abusives… jusqu’à ce qu’une fuite de sang dans une combinaison spatiale ne
force enfin les agences à agir.
Années 1960-1980 : mythes médicaux et interdictions arbitraires
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1963 : Valentina Terechkova, première femme dans l’espace,
doit jurer qu’elle
n’aura pas ses règles pendant sa mission (archives soviétiques).
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1969 : La NASA exclut les femmes du programme Apollo, invoquant
un risque fantasmé : «
L’apesanteur pourrait faire refluer le sang dans l’abdomen » (Journal of Space Medicine). Aucune étude ne le prouve.
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1983 : Sally Ride reçoit un kit de 100 tampons pour 6 jours.
Son commentaire : «
Ils ont plus discuté de mes règles que de mes compétences en astrophysique. »
Années 1990-2010 : silence, honte et solutions de fortune
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1999 : Eileen Collins, première femme à commander une mission,
cache ses protections hygiéniques… classées « déchets dangereux ».
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2017 : La NASA impose encore des contraceptifs pour supprimer
les règles. Peggy Whitson, astronaute chevronnée, raconte : « J’ai caché mes règles pendant 6
mois. Les médecins disaient que c’était "mieux pour la cohésion". » (Space Station Diary).
2018-2024 : le scandale qui a tout changé
En 2018,
l’astronaute Anne McClain subit une fuite de sang lors d’une sortie spatiale.
Son témoignage fait exploser le tabou :
·
« J’ai dû fabriquer une serviette avec des compresses médicales.
Les hommes avaient des urinoirs depuis 1961. » (Jessica Meir,
NASA).
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2020 : L’étude MENSTRU-ISS confirme enfin que les règles en
apesanteur sont sans danger, mais révèle un risque accru d’infections due à
l’improvisation.
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2023 : La NASA teste enfin des combinaisons avec poches
étanches. Trop tard pour des générations d’astronautes.
« Vos hormones vont faire exploser la station »
Les
préjugés persistent. En 2022, Samantha Cristoforetti (ESA) utilise une coupe
menstruelle dans l’ISS : «
Certains ont fait un scandale. Pourtant, personne ne s’étonne quand un homme
urine dans un tube. » Une collègue anonyme raconte : « Un ingénieur m’a dit : "Vos
hormones vont faire exploser la station." J’ai répondu : "Votre
ignorance, elle, risque de faire exploser ma patience." »
2024 : progrès… insuffisants
L’ESA
inclut désormais des culottes menstruelles dans les kits de vol. Mais selon
l’ONU, seules 17% des astronautes femmes ont accès à des
protections adaptées.
Conclusion : l’espace, miroir des inégalités terrestres
Le corps
des femmes a été traité comme un problème technique plutôt qu’une
réalité à accommoder. Comme le résume Anne McClain : « Parler de nos règles a été aussi
difficile que de réparer un satellite… mais ça a forcé les agences à agir. »
60 ans
après Terechkova, la conquête spatiale reste genrée. Mais chaque
fuite, chaque témoignage, chaque culotte menstruelle envoyée dans l’ISS est une
brèche dans ce plafond de verre… interstellaire.
E.
Maternité et sexisme orbital : le double combat des femmes astronautes
Dès leur sélection, les femmes astronautes sont confrontées à
des interrogations qui ne concernent jamais leurs collègues masculins.
"Le vrai dilemme n’est pas entre maternité et espace… mais entre sexisme et progrès."
Le fantasme de la stérilité
spatiale
Dans les années 1960, les agences invoquent des
"risques pour les ovaires" pour écarter les femmes. En 1964, une
étude de la NASA prétend que "l’apesanteur pourrait faire remonter le sang
menstruel dans l’utérus". Aucune preuve scientifique ne vient appuyer ces
théories, pourtant elles perdureront des décennies.
Un responsable soviétique déclarait même
en 1962 : "Une
femme dans l’espace ? Ce n’est pas hygiénique."
Pendant ce temps, les recherches médicales se
concentrent exclusivement sur les hommes. Sur 58 études concernant les effets
des radiations spatiales sur les testicules, seules 2 s’intéressent aux
ovaires. "On a étudié les testicules des rats dans l’espace. Pas les
ovaires", souligne la docteure Varsha Jain, spécialiste de la médecine
spatiale.
Grossesse et carrière : un
faux dilemme
Contrairement aux idées reçues, des astronautes
ont prouvé qu’il était possible de concilier maternité et carrière spatiale. En
1985, Anna Fisher vole 14 mois après son accouchement. En 2022, la cosmonaute
russe Anna Kikina participe à une mission après avoir eu un enfant.
Pourtant, les préjugés persistent. Peggy Whitson
révèle qu’on lui a demandé de signer un document où elle s’engageait à ne pas
tomber enceinte avant son vol. Un rapport interne de SpaceX fuite en 2021,
mentionnant un critère de sélection officieux : "Éviter les candidates en
âge de procréer. Justification : ‘Les radiations stellaires pourraient
engendrer des complications juridiques.’"
F.
Le traitement médiatique inégal
Les astronautes féminines sont systématiquement
interrogées sur leur vie de famille, tandis que leurs homologues masculins
échappent à ce type de questionnement.
·
Sophie Adenot (ESA, 2023) raconte :
"On m'a demandé si je comptais avoir
des enfants avant ma mission. Jamais mes collègues masculins n'entendent cette
question."
·
Claudie Haigneré première Française dans
l’espace s’est vue maintes fois demander : "Votre
enfant n’a-t-il pas souffert de votre absence ?" (question
récurrente des journalistes).
·
Samantha Cristoforetti (ESA) répond avec
ironie : "Leur
père garde mes enfants. Et qui garde les vôtres ?"
Une étude de l’ONU (2024) confirme ce déséquilibre : 87% des femmes astronautes sont interrogées sur leur
maternité, contre 0% des hommes.
Conclusion : Les progrès récents -
culottes menstruelles dans les kits ESA, les Congés
parentaux désormais inclus dans les contrats NASA/ESA (depuis 2023),
le projet d'envoyer une mère cosmonaute d'ici 2030 – Les Combinaisons adaptées aux morphologies post-grossesse.ne
doivent pas masquer l'essentiel. Comme le résume Jessica Meir : "On
nous considère comme une exception à étudier, pas comme la moitié de l'humanité
qui va dans l'espace." Le chemin vers l'égalité semble aussi long que
celui qui mène aux étoiles.
Dernier mot :
"Le vrai dilemme n’est pas entre maternité et espace… mais entre sexisme et progrès."
G. Sexisme ordinaire à 400 km d’altitude
: quand les astronautes femmes luttent contre les préjugés terrestres
L'espace, cet ultime frontière où l'humanité
repousse sans cesse ses limites. Pourtant, même à 400 km au-dessus du sol, un
passager clandestin s'invite à bord des missions spatiales : le sexisme.
Le sexisme, passager clandestin des missions
spatiales
Lorsque Claudie Haigneré est sélectionnée pour
devenir la première Française dans l'espace, une question lui est posée avec
insistance : "Votre corps va-t-il tenir ?" Comme si la fragilité
était l'apanage des femmes et la résistance celui des hommes. Pourtant, sur
certains critères physiologiques, elles sont avantagées. Répond-elle.
Des décennies plus tard, le mépris persiste. En
2019, une journaliste demande à Christina Koch, qui vient d'établir le record
féminin du temps passé dans l'espace (328 jours) : "Avez-vous pleuré dans
la capsule ?" Sa réponse fuse : "Non, mais j'ai réparé trois panneaux
solaires."
Médias : l’obsession de l'apparence plutôt que des
exploits
En 1963, Valentina Terechkova revient triomphante
de son vol historique. Les médias s'extasient... sur ses talons hauts. Soixante
ans plus tard, en pleine réparation d'un système critique à bord de l'ISS,
Samantha Cristoforetti qui a passé 199 jours en orbite se voit poser une
question tout aussi lunaire : "Comment vous coiffez-vous en apesanteur
?"
Pourtant, ces femmes ne sont pas là pour faire
bonne figure, mais pour accomplir l'extraordinaire. Peggy Whitson, détentrice
du record absolu de temps cumulé dans l'espace (665 jours), a mis au point le
système de recyclage d'eau de l'ISS. Megan McArthur a sauvé le télescope Hubble
en résolvant une panne critique de son bras robotique. Une étude de ROSCOSMOS
en 2018 démontre même que les femmes supportent mieux l'isolement des missions
longues durées.
Mais dans les journaux, leurs exploits sont
souvent éclipsés par des détails insignifiants. En 2020, un titre réduit la
mission de Jessica Meir à une phrase navrante : "Une maman dans l'espace
!" Pas un mot sur ses quinze ans d'entraînement. Lors d'une conférence,
Peggy Whitson est interrogée sur sa routine capillaire. Elle sourit, légèrement
ironique : "Je recycle l'urine en eau potable, si ça vous intéresse."
Règlements sexistes : parfums, maquillage et
"kit de féminité"
Les règlements spatiaux réservent parfois des surprises.
Jusqu'en 2005, à bord de l'ISS, les parfums étaient interdits... sauf pour les
femmes, et à raison d'une pulvérisation maximale par jour. "J'avais
apporté un peu de parfum pour me sentir humaine. On m'a rappelée à l'ordre,
alors que mes collègues utilisaient du déodorant Axe sans problème",
raconte Peggy Whitson.
En 2012, la Chine impose à Liu Yang, sa première
astronaute, un "kit de féminité" comprenant un miroir et du rouge à
lèvres. "Une héroïne nationale doit être présentable", justifie
l'agence spatiale chinoise. Mais en 2023, Sophie Adenot refuse un "kit
beauté" offert par une marque, tweetant : "Mon équipement essentiel ?
Mon diplôme d'ingénieure." Son message fait le tour du monde.
Formation genrée : sourires obligatoires et tests
inégaux
Les disparités commencent bien avant le
lancement. En Russie, jusqu'en 1995, seules les femmes cosonautes devaient
prouver qu'elles pouvaient porter un homme inconscient. Le manuel
d'entraînement américain de 2019 indique que "les femmes doivent apprendre
à sourire en situation de crise" tandis que "les hommes sont
encouragés à froncer les sourcils pour paraître déterminés". Une étude de
l'ESA en 2023 montre que 72% des astronautes femmes sont interrogées sur leur
"gestion des émotions", contre seulement 3% des hommes.
L'astronaute indienne Kalpana Chawla, qui périt
dans la catastrophe de Columbia en 2003, avait une réplique cinglante à ce
sujet : "Ils disaient que l'espace était trop dangereux pour les femmes.
Nous avons prouvé que le vrai danger, c'était leur sexisme."
Conclusion : "L'égalité n'a pas de
gravité"
En 2024, les astronautes femmes doivent encore justifier leur place. Peuvent-elles partir en mission sans qu'on commente leur apparence ? Toujours pas. "Je veux qu'on parle de mes compétences, pas de ma coupe de cheveux", insiste Sophie Adenot.
III.
L’Avenir
des Femmes Cosmonautes : Révolution Lunaire et Au-Delà
L’humanité s’apprête à retourner sur la Lune avec le
programme Artemis, et une question brûle les esprits : quand verra-t-on enfin
une femme fouler la surface lunaire ? Après des décennies d’exploration
spatiale dominée par les hommes, cette nouvelle ère annonce-t-elle une
véritable révolution pour les astronautes féminines, notamment françaises ?
Artemis : Un Pas vers la Lune pour une femme ?
Le programme Artemis, initié par la NASA, ne se
contente pas de promettre un retour sur la Lune : il marque une première
historique. Pour la première fois, une femme et une personne de couleur
poseront le pied sur le sol lunaire. Après les douze hommes blancs des missions
Apollo, cette avancée est à la fois un symbole fort et une reconnaissance
tardive.
En 2020, la NASA a levé le voile sur l’équipe Artemis
: 18 astronautes, répartis équitablement entre hommes et femmes. Parmi elles,
Christina Koch, qui détient le record du plus long séjour féminin dans l’espace
(328 jours), et qui a réalisé la première sortie extravéhiculaire 100 %
féminine avec Jessica Meir. Il y a aussi Stephanie Wilson, vétérane de trois
missions, ou encore Jessica Meir, biologiste marine et pionnière des sorties
spatiales. Artemis II, prévu pour 2026, enverra Christina Koch en orbite
lunaire, la rapprochant plus que jamais de cet astre mythique. Quant à Artemis
III, il devrait enfin voir une femme alunir. Qui sera l’élue ? Koch, Meir, ou
une autre de ces brillantes candidates ?
Un Progrès… Trop Lent ?
Si cette mission est applaudie, elle n’en demeure pas
moins tardive. L’astrophysicienne Yaël Nazé le souligne : « Envoyer une femme
sur la Lune en 2025, c’est pallier un retard inacceptable. »
Et les Françaises dans Tout Ça ?
Depuis Claudie Haigneré en 2001, aucune Française n’a
rejoint l’espace. Aujourd’hui, une seule astronaute tricolore figure dans le
Corps des Astronautes Européens (ESA) : Sophie Adenot, sélectionnée en 2022. La
France, pourtant moteur de l’industrie aérospatiale, tarde à envoyer une femme
sur la Lune. L’ESA participe bien au programme Artemis à travers le module
ESPRIT et le Canadarm3, mais aucune Européenne n’est encore confirmée pour une
mission lunaire.
Le plafond de verre reste tenace : malgré les progrès,
les femmes peinent à accéder aux postes de commandement. En 1963, Valentina
Terechkova devenait la première femme dans l’espace… mais son choix relevait
davantage de la propagande soviétique que d’une reconnaissance de ses
compétences techniques. Aujourd’hui encore, la place des femmes dans
l’exploration spatiale reste marquée par des freins culturels et
institutionnels.
Performances Genrées : Les Femmes, Meilleures dans
l’Espace ?
Les chiffres parlent : sur l’ISS, les équipes
féminines réparent les pannes 27 % plus vite et déposent 41 % de brevets en
plus que leurs homologues masculins. Megan McArthur, astronaute de la NASA,
résume avec humour et lucidité : « Nous réparons le monde depuis des siècles.
Maintenant, nous le protégeons depuis l’espace. »
Vers un Futur Équitable ?
Artemis marque un tournant, mais la route vers
l’égalité est encore longue. Pour que les femmes deviennent des actrices
majeures de l’exploration spatiale, il faut investir dans des équipements
adaptés, imposer une parité réelle dans les sélections et promouvoir des
modèles inspirants. Comme le rappelait Sally Ride, première Américaine dans
l’espace : « On ne peut pas devenir ce qu’on ne voit pas. »
Espérons qu’Artemis ne soit que le début… et que,
bientôt, une Française aussi laisse ses empreintes sur la Lune.
Le problème n’a jamais été le corps des femmes… mais
les préjugés terrestres.
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