Ce livre est la réédition du tome III des « Mémoires d’une Européenne » paru en
1970, dans lequel Louise Weiss narre ses souvenirs de la période 1934-1939. Les
5 autres tomes couvrent la période 1919 à 1974.
Louise Weiss était une journaliste et femme politique, née en
1893 à Arras dans une famille alsacienne de la bourgeoisie protestante, très
conservatrice. Son père polytechnicien était ingénieur des mines. Peut-être
faisait elle partie des « 200 familles » actionnaires de la banque de France
que le gouvernement du Front Populaire a voulu écarter de la gestion de
celle-ci ? Contre le souhait de sa famille, Louise Weiss fait de études de
Lettres et réussit l’agrégation mais choisit d’être journaliste. L’expérience
de la guerre de 1914-18, pendant laquelle elle est infirmière, lui apporte la
conviction que seule une entente entre les pays européens apportera la paix
dans l’avenir. C’est pourquoi elle fonde dès 1918 l’association et le journal «
L’Europe Nouvelle » auquel collaborent écrivains et politiques de Paul Valéry à
Léon Blum. Dans les années 1920-1930, elle suit à Genève les séances de la
Société des Nations, institution internationale qui a précédé l’ONU) créée
entre autres, par son ami pacifiste Aristide Briand.
Les années 1934 à 1939 sont celles de son combat pour le droit de vote des femmes et pour empêcher un nouveau conflit.
Elle ne participa pas à la Résistance même si elle dit avoir rencontré Georges Bidault, président du Conseil National de la Résistance en 1944, alors qu’il préparait avec De Gaulle, le programme du CNR ou est inscrit le droit de vote pour les femmes.
Après la guerre, elle a couvert le procès de Nuremberg(ou ont été jugés les nazis proches d’Hitler) puis a voyagé aux États-Unis, au Canada et au Mexique et réalisé des reportages filmés. Elle a fondé en 1946, avec Gaston Bouthoul (1890-1980) l’Institut de Polémologie ou science de la compréhension des conflits, qui a été intégré à l’Université de Strasbourg en 1960.
Enfin en juillet 1979, elle a été élue sur une liste RPR, au Parlement Européen dont elle était alors la doyenne.
Les années 1934 à 1939 sont celles de son combat pour le droit de vote des femmes et pour empêcher un nouveau conflit.
Elle ne participa pas à la Résistance même si elle dit avoir rencontré Georges Bidault, président du Conseil National de la Résistance en 1944, alors qu’il préparait avec De Gaulle, le programme du CNR ou est inscrit le droit de vote pour les femmes.
Après la guerre, elle a couvert le procès de Nuremberg(ou ont été jugés les nazis proches d’Hitler) puis a voyagé aux États-Unis, au Canada et au Mexique et réalisé des reportages filmés. Elle a fondé en 1946, avec Gaston Bouthoul (1890-1980) l’Institut de Polémologie ou science de la compréhension des conflits, qui a été intégré à l’Université de Strasbourg en 1960.
Enfin en juillet 1979, elle a été élue sur une liste RPR, au Parlement Européen dont elle était alors la doyenne.
Dans « Combats pour les femmes », Louise Weiss évoque ses
souvenirs personnels liés à la « grande histoire »des années 1934-39.
Elle résume rapidement sa vie personnelle dans les deux premières pages et à la dernière page du livre, de son mariage à son divorce deux ans après et finit par : « je m’étais, au dam de ma famille, mais au contentement de la société, adonnée à un amour délicieux ».
En revanche, elle développe pendant des centaines de pages sa lutte pour le droit de vote des femmes et son combat pour sauver la paix dans le marasme politique de la Troisième République, incapable de s’opposer aux menaces hitlériennes. L’ouvrage s’achève sur les prémisses de la Seconde Guerre Mondiale qu’avec une grande clairvoyance, Louise Weiss avait prévue.
Toutes ces pages sont non seulement intéressantes et pertinentes historiquement mais aussi, souvent très drôles. Louise Weiss a en effet un style très alerte et dresse d’une plume acérée mais avec beaucoup d’humour les portraits des femmes et des hommes dont elle parle, féministes ou dirigeants politiques dont elle relève les incohérences et les faiblesses. Elle décrit en se moquant d’elle-même ou des autres des situations aussi bien cocasses que dramatiques.
Le combat féministe de Louise Weiss commence quand, révoltée par le cinquième refus du Sénat de voter le droit au suffrage des femmes alors que la Chambre des députés y était favorable depuis 1919, elle décide de fonder en 1934 : « La Femme Nouvelle, Association pour l’Egalite des Droits Civils entre Français et Françaises ».
Elle est déçue par les féministes qui ont depuis les années 1900 constitué des associations suffragistes comme Maria Vérone (1874-1938), une des premières femmes avocates ou Cécile Brunschvicg (1877-1946) l’une des trois premières femmes au gouvernement en 1936, elle considère que leur stratégie d’intervention auprès de députés favorables n’aboutira pas. Elle admire les suffragettes anglaises et américaines comme Emmeline Pankhurst (1858-1928) ou Susan B. Anthony (1820-1906) qui par des actions de rues spectaculaires et médiatisées et une ténacité remarquable ont réussi à obtenir le droit de vote après la fin de la Première Guerre Mondiale.
C’est pourquoi, non seulement elle s’est présentée aux élections municipales à Montmartre en mai 1935 et aux législatives en avril 1936 au Quartier Latin, recueillant des milliers de bulletins favorables dans des cartons à chapeaux mais aussi avec les adhérentes de « La femme nouvelle », lors d’un grand match de foot à Colombes elle a lancé des centaines de ballons portant le slogan « La Française doit voter ». Et « Les femmes nouvelles »ont continué en juin 1936, en distribuant des myosotis aux députés « pour qu’ils ne les oublient pas » et des chaussettes aux sénateurs pour les assurer que celles-ci seront lavées lorsque les femmes voteront. Enfin, après avoir tenté d’empêcher le départ des courses à Longchamp fin juin, le 10juillet 1936, les « femmes nouvelles » enchaînées entre elles et aux réverbères, ont bloqué la circulation rue Royale.
L’épisode le plus drôle du livre me semble-t-il, est celui ou Louise Weiss raconte sa campagne électorale pour les législatives, à St Denis en juin 1937. Alors que s’opposaient violemment le candidat du Parti Communiste, Fernand Grenier (un des rédacteurs du texte du CNR sur le droit de vote des femmes) et le candidat du Parti Populaire Jacques Doriot (ex communiste et admirateur de Mussolini et d’Hitler), elle arrive à prendre la parole dans les réunions des deux camps. Elle est même appréciée par certains communistes qui disent : « La candidate, elle est réglo » et « une nuit sans lune », aidée par « deux ruffians » qui lui demandent « si elle n’a pas peur », elle répond : « Je suis sous votre protection, aidez-moi à sortir de cette flaque » d’eau.
Les épisodes au contraire les plus dramatiques du livre sont ceux ou Louise Weiss rapporte ses visites en Tchécoslovaquie alors qu’Hitler commençait à déstabiliser le pays en 1937 avant de l’annexer en mars 1939. Elle connaissait bien les dirigeants tchèques Tomas Masaryk (1850-1937) et Édouard Bénès (1884-1948) qu’elle avait rencontrés à Paris lorsqu’ils étaient en exil avant 1918. Elle voulait les mettre en garde contre leur trop grande confiance en la protection de la France, leur alliée, qui sous estimait les menaces d’Hitler.
Puis, ce sont les derniers épisodes, émouvants, ou elle aborde les années 1938, 1939, alors qu’elle obtient, toujours grâce à ses relations dans les milieux politiques, la création d’un Comité des Réfugiés fuyant l’Allemagne nazie, qui permet d’accueillir des centaines de familles juives, en particulier.
Louise Weiss tentera aussi à partir de l’été 1938 de créer un volontariat féminin dans le cadre d’une loi sur « L’organisation de la nation en temps de guerre »mais malgré l’engagement de nombreuses femmes, l’inertie de l’administration empêchera celui-ci de se constituer.
Le livre s’achève sur l’impréparation de l’armée française à la guerre qui bien que tragique est présentée aussi de manière cocasse.
Terminons en précisant qu’il faut parfois renoncer à se repérer parmi les très nombreux politiciens (plus ou moins connus) cités et leurs femmes ou compagnes, sinon dans les arcanes de la diplomatie de « L’entre-deux guerres », pour apprécier ce que ce livre dévoile de la face cachée de la République et la clairvoyance historique de Louise Weiss. Il faut ajouter qu’une autre femme journaliste à la même époque, a su aussi mettre en garde contre le danger fasciste, c’est Geneviève Tabouis (1892-1985), journaliste de radio qui en 1936, a dénoncé la lâcheté des pays européens à la Société des Nations, qui n’ont pas soutenu l’empereur d’Éthiopie dont le pays venait d’être envahi par les troupes de Mussolini.
Ces deux femmes et d’autres, bien que n’ayant pas de droits civiques ont eu plus d’intelligence politique que nombre de politiciens de l’époque.
Elle résume rapidement sa vie personnelle dans les deux premières pages et à la dernière page du livre, de son mariage à son divorce deux ans après et finit par : « je m’étais, au dam de ma famille, mais au contentement de la société, adonnée à un amour délicieux ».
En revanche, elle développe pendant des centaines de pages sa lutte pour le droit de vote des femmes et son combat pour sauver la paix dans le marasme politique de la Troisième République, incapable de s’opposer aux menaces hitlériennes. L’ouvrage s’achève sur les prémisses de la Seconde Guerre Mondiale qu’avec une grande clairvoyance, Louise Weiss avait prévue.
Toutes ces pages sont non seulement intéressantes et pertinentes historiquement mais aussi, souvent très drôles. Louise Weiss a en effet un style très alerte et dresse d’une plume acérée mais avec beaucoup d’humour les portraits des femmes et des hommes dont elle parle, féministes ou dirigeants politiques dont elle relève les incohérences et les faiblesses. Elle décrit en se moquant d’elle-même ou des autres des situations aussi bien cocasses que dramatiques.
Le combat féministe de Louise Weiss commence quand, révoltée par le cinquième refus du Sénat de voter le droit au suffrage des femmes alors que la Chambre des députés y était favorable depuis 1919, elle décide de fonder en 1934 : « La Femme Nouvelle, Association pour l’Egalite des Droits Civils entre Français et Françaises ».
Elle est déçue par les féministes qui ont depuis les années 1900 constitué des associations suffragistes comme Maria Vérone (1874-1938), une des premières femmes avocates ou Cécile Brunschvicg (1877-1946) l’une des trois premières femmes au gouvernement en 1936, elle considère que leur stratégie d’intervention auprès de députés favorables n’aboutira pas. Elle admire les suffragettes anglaises et américaines comme Emmeline Pankhurst (1858-1928) ou Susan B. Anthony (1820-1906) qui par des actions de rues spectaculaires et médiatisées et une ténacité remarquable ont réussi à obtenir le droit de vote après la fin de la Première Guerre Mondiale.
C’est pourquoi, non seulement elle s’est présentée aux élections municipales à Montmartre en mai 1935 et aux législatives en avril 1936 au Quartier Latin, recueillant des milliers de bulletins favorables dans des cartons à chapeaux mais aussi avec les adhérentes de « La femme nouvelle », lors d’un grand match de foot à Colombes elle a lancé des centaines de ballons portant le slogan « La Française doit voter ». Et « Les femmes nouvelles »ont continué en juin 1936, en distribuant des myosotis aux députés « pour qu’ils ne les oublient pas » et des chaussettes aux sénateurs pour les assurer que celles-ci seront lavées lorsque les femmes voteront. Enfin, après avoir tenté d’empêcher le départ des courses à Longchamp fin juin, le 10juillet 1936, les « femmes nouvelles » enchaînées entre elles et aux réverbères, ont bloqué la circulation rue Royale.
L’épisode le plus drôle du livre me semble-t-il, est celui ou Louise Weiss raconte sa campagne électorale pour les législatives, à St Denis en juin 1937. Alors que s’opposaient violemment le candidat du Parti Communiste, Fernand Grenier (un des rédacteurs du texte du CNR sur le droit de vote des femmes) et le candidat du Parti Populaire Jacques Doriot (ex communiste et admirateur de Mussolini et d’Hitler), elle arrive à prendre la parole dans les réunions des deux camps. Elle est même appréciée par certains communistes qui disent : « La candidate, elle est réglo » et « une nuit sans lune », aidée par « deux ruffians » qui lui demandent « si elle n’a pas peur », elle répond : « Je suis sous votre protection, aidez-moi à sortir de cette flaque » d’eau.
Les épisodes au contraire les plus dramatiques du livre sont ceux ou Louise Weiss rapporte ses visites en Tchécoslovaquie alors qu’Hitler commençait à déstabiliser le pays en 1937 avant de l’annexer en mars 1939. Elle connaissait bien les dirigeants tchèques Tomas Masaryk (1850-1937) et Édouard Bénès (1884-1948) qu’elle avait rencontrés à Paris lorsqu’ils étaient en exil avant 1918. Elle voulait les mettre en garde contre leur trop grande confiance en la protection de la France, leur alliée, qui sous estimait les menaces d’Hitler.
Puis, ce sont les derniers épisodes, émouvants, ou elle aborde les années 1938, 1939, alors qu’elle obtient, toujours grâce à ses relations dans les milieux politiques, la création d’un Comité des Réfugiés fuyant l’Allemagne nazie, qui permet d’accueillir des centaines de familles juives, en particulier.
Louise Weiss tentera aussi à partir de l’été 1938 de créer un volontariat féminin dans le cadre d’une loi sur « L’organisation de la nation en temps de guerre »mais malgré l’engagement de nombreuses femmes, l’inertie de l’administration empêchera celui-ci de se constituer.
Le livre s’achève sur l’impréparation de l’armée française à la guerre qui bien que tragique est présentée aussi de manière cocasse.
Terminons en précisant qu’il faut parfois renoncer à se repérer parmi les très nombreux politiciens (plus ou moins connus) cités et leurs femmes ou compagnes, sinon dans les arcanes de la diplomatie de « L’entre-deux guerres », pour apprécier ce que ce livre dévoile de la face cachée de la République et la clairvoyance historique de Louise Weiss. Il faut ajouter qu’une autre femme journaliste à la même époque, a su aussi mettre en garde contre le danger fasciste, c’est Geneviève Tabouis (1892-1985), journaliste de radio qui en 1936, a dénoncé la lâcheté des pays européens à la Société des Nations, qui n’ont pas soutenu l’empereur d’Éthiopie dont le pays venait d’être envahi par les troupes de Mussolini.
Ces deux femmes et d’autres, bien que n’ayant pas de droits civiques ont eu plus d’intelligence politique que nombre de politiciens de l’époque.
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