La Française doit voter ! : Les combats de Louise Weiss icon-share Marie-Christine Moinard & Marine Tumelaire - Editions Marabulles

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« Madame, vous venez de voter, vous êtes émue ? »

Je vous propose Une BD sur les droits des femmes

La française doit voter, sous-titre les combats de Louise Weiss, publié aux Éditions Marabulle en 2024 pour l'anniversaire des 80 ans en France de l'acquisition de haute lutte du droit de vote pour les femmes. Une BD réalisée par Marie Moinard pour le scénario et par Marine Tumelaire pour les dessins et les couleurs. 

La Française doit voter : une évidence, mais un droit qui ne s'est pas conquis en un jour. Louise Weiss avec ses consœurs a oeuvré sa vie durant pour que les femmes Françaises obtiennent le droit de vote en 1944 et c'est son combat que cette BD raconte.


 Certaines choses sont acquises, par exemple le vote des femmes. Cependant, en France comme dans bien des pays, la moitié de l'humanité a dû longuement insister pour que ce droit fondamental lui soit accordé. Au début des années 1910, quelques suffragettes, dont Louise Weiss, entreprennent leur croisade.  Elles ne vont dès lors plus cesser dans une société misogyne de réclamer le droit de vote et organisent des actions politiques jusqu'à obtenir la décision de 1944 entérinant enfin une situation d'équité. 

 « Louise Weiss, née le 25 janvier 1893 à Arras et morte le 26 mai 1983 à Paris, est une journaliste, femme de lettres, féministe et femme politique française, notamment doyenne des députés au Parlement européen (1979-1983).

Nous la voyons au début de la BD au volant de sa 2CV, elle conduit à tombeau ouvert pour rallier le Parlement européen, en cette année 1979. Un fonctionnaire la mène à la tribune où elle prend la parole. Elle commence : « Les étoiles du destin et les chemins de l'écriture l'ont porté à cette tribune pour y vivre, présidente d'un jour, un honneur don elle n'aurait jamais osé rêver et une joie. Elle continue : La joie la plus forte que puisse éprouver une créature au soir de son existence, la joie d'une vocation de jeunesse miraculeusement accomplie. »

le 26 avril 1914, Louise Weiss, vingt-et-un ans, s'adresse à sa mère dans le salon familial. Elle lui demande :

Maman, avez-vous vu que nous sommes invitées, nous les femmes, à répondre à la question sur le droit de vote des femmes ?

 Elle continue : C'est un vote blanc, nous pouvons déposer notre vote rue Scheffer.

Sa mère lui propose d'y aller, en joignant le geste à la parole. 

Quelques jours plus tard, Louise se félicite auprès de sa sœur du fait qu'elles ont été très nombreuses à voter. 505972 voix pour.

Elle  papote un peu plus tard avec une copine, lui demandant si elle a voté au référendum. Sa copine répond qu'elle n'était pas au courant, et puis avec son père pas question de faire des vagues en ce moment, avec les examens qui approchent, elle préfère se faire oublier. Louise ajoute que son père à elle n'est pas au courant  qu'elle prépare l'agrégation. Elle travaille en douce, et il l'a déjà difficilement félicité pour son prix au lycée. Et a dit « j’aurais préféré que ton frère soit reçu premier à polytechnique, puisque c’est ainsi tu iras quelques mois à l’école ménagère, parfaire l’allemand et ton rôle futur : maîtresse de Maison ! 

Août 1914. Louise Weiss est reçue à l’agrégation des lettres et devient ainsi une des premières agrégée de France.

Pendant la guerre, son père la présente à Bordeaux au rédacteur du Journal, le radical, qui l’engage en lui disant « il faudra vous faire discrète, vous serez la seule femme. Entendu ! » Elle accepte les consignes et signe ses articles avec un nom d’emprunt masculin. Mais cette place ne lui convient pas et elle revient à Paris où elle crée un journal pacifiste, l’Europe Nouvelle.

 En 1920. Au Parlement, on débat du droit de vote des femmes avec des remarques plus ou moins sexistes. « Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l’arène  publique ? Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains des femmes sont faites pour être baisées… Séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme. » 

Et en 1922 au Sénat, Messieurs, on ne peut pas accorder le droit de vote aux femmes, elle ne voterait que ce que leur conseillerait leur curé ! Et la proposition est rejetée, de même en  1928 puis en 1931.

Et Louise Weiss finit par réunir des amies, des femmes aux fortes personnalités et ensemble elles vont militer et leur dit : « rendez-vous compte, la moitié de l’humanité est considérée comme mineure ! Dans les textes, concernant la vie politique, français ne veut dire que les Français, les hommes, alors pour que les Françaises obtiennent leurs droits, j’ai pensé aux suffragettes anglaises. Voilà pourquoi je vous ai réuni ! Puisque le Sénat ne veut pas nous considérer, essayons de conquérir ce droit de vote autrement ! Nous allons faire campagne… Pour faire sortir le féminisme de l’ornière, il faut que vous créiez des nouvelles, que vous attiriez l’attention publique sur la noblesse de votre cause. » Et c’est ainsi qu’elle crée la femme Nouvelle et elle invite à participer à des actions militante, mais non violentes.

 « La célibataire paie ses impôts mais elle ne vote pas. La mère doit donner son fils à la patrie, mais elle ne vote pas. Les françaises en appel à vous, à votre esprit de liberté, les Français veulent voter. Jeanine Nero 1874/1961. 

On ne peut refuser aux veuves de guerre, le droit de marquer, dans les consultations électorales, la place, des chefs de foyer qui tombèrent sur les champs de Bataille pour défendre leur pays. Nous allons organiser nos actions jusqu’à ce que le Sénat approuve la proposition de loi, en faveur du droit de vote des femmes. En attendant de nous retrouver toutes, souvenez-vous, nous devons jeter le féminisme dans l’arène de l’actualité.

Le 3 mars 1935, au Sénat, le discours misogyne du sénateur Duplantier soulève la colère : « l’évolution des mœurs qui nous pousser vers un féminisme de plus en plus large, je la conteste formellement… On ne peut parler d’égalité qu’entre des êtres semblables… Il y a tout de même entre nous une petite différence d’ordre physique. Ne nous étendant pas sur le sujet. La cour, Messieurs, non seulement, vous allez sortir la poule de la basse-cour, mais vous allez la lâcher dans la cour, en attendant que, devenu sénateur, elle ne siège à la haute Cours.

Il est terrifiant de constater, qu’à elle seule, une poignée de sénateur rétrograde arrive à bloquer des revendications légitimes alors que la société s’y montre favorable

À quoi Louise Weiss répond : « ah, c’est ce qu’il pense ? Très bien, puisqu’il nous attaque, nous allons organiser une expédition punitive ! Allons, dans sa circonscription de la Vienne et empêchant sa réélection.

Elle se présente à des élections parallèles aux municipales du 5 mai 1935, arrêtée par la police qui lui demande d’arrêter ses incongruités : « vous n’êtes pas autorisés, ni vous, ni vos suffragettes, à envahir la rue avec vos urnes.» À quoi elle répond : « Donnez-nous l’autorisation de recueillir les votes des Français et nous nous retirerons «  elle finit par obtenir « sortez des terrasses, des cafés et installez vos boîtes, sous les portes cochères, des immeubles… Et uniquement dans ces lieux ! Malgré tous les empêchements, elles obtiennent 18000 bulletins pour le droit de vote des femmes. Et elles vont continuer ainsi leurs actions, jusqu'en 1944.

La BD se termine par un court texte rappelant l'adoption de l'amendement Fernand Grenier par l'Assemblée consultative le 24 mars 1944, l'ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France du 21 avril 1944, le préambule de la Constitution de la IVe République rédigé et adopté en 1946 rappelant que : La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme.

 


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