Shere Hite, Le Rapport Hite – Éditions Robert Laffont – 1977

Shere Hite, Le Rapport Hite – Éditions Robert Laffont – 1977.
Par Nicole Savey
En ces temps où l’on disserte sur la sexualité des femmes et où certaines défendent « le plaisir du viol ( !), il m’a semblé intéressant de proposer la lecture du « Rapport Hite » sur « la nouvelle interprétation de la sexualité féminine ».
Ce rapport publié en 1976 aux Etats Unis et vendu ensuite à 35 millions d’exemplaires est le premier rédigé par une femme seule, la sexologue Shere Hite. Les premiers rapports sur la sexualité ont été publiés par W. Kinsey en 1948 et 1953 et par William Masters et Virginia Johnson entre 1966 et 1994.
Shere Hite est une militante féministe, collègue de Kate Millett et Ti-Grace Atkinson, elle a participé au Women’s Lib-Sexologue, diplômée de l’université de Columbia, elle entreprend en 1974 une enquête auprès de 3000 femmes de 14 à 78 ans, en leur demandant de répondre à un questionnaire anonyme.
Ce questionnaire comporte les 7 questions suivantes :
·       Est-il important pour vous d’atteindre à l’orgasme ? Sans lui la sexualité a-t-elle un sens ?
·       Que ressentez-vous pendant l’orgasme ?
·       Vous arrive-t-il de feindre la jouissance ?
·       Pensez-vous que les hommes soient mal informés de vos désirs sexuels et de votre corps ?
·       Quand vous faites l’amour, quelles sont les positions les plus favorables à l’orgasme ?
·       Qu’est-ce qui vous existe le plus : les jeux sexuels, l’excitation génitale directe ou le « prélude » psychologique ?
·       Quelle ont été vos meilleures expériences sexuelles ?
En 1976, Shere Hite publie ce rapport de plus de 550 pages traitant de : la masturbation, l’orgasme, le coït, la stimulation clitoridienne, le saphisme, l’esclavage sexuel, la révolution sexuelle, les femmes âgées et se terminant par « vers une nouvelle sexualité féminine ».
La conclusion du rapport pose la question : « quelle est la signification profonde de la révolution sexuelle des années 60 ? ». Et pour Shere Hite : « l’attention croissante qui est accordée au sexe et aux relations personnelles en tant que source fondamentale de bonheur et de satisfaction est fonction du fait qu’on a de moins en moins de chance de trouver une satisfaction, même partielle, pour le travail ». « Le sexe (pour la femme passée du rôle de procréatrice au rôle d’objet sexuel) est utilisé comme la panacée universelle pour tenir les masses tranquilles et les empêcher de se rendre compte du vide, du non-sens et de l’aliénation de leur vie active »… « La commercialisation et la vulgarisation du sexe pénètrent plus avant dans notre vie active et nous cachent la signification profonde et personnelle de la sexualité. En réalité, la révolution sexuelle n’a pas encore eu lieu, mais il est grand temps qu’elle advienne. »
Dans les années 80, Shere Hite est obligée de quitter les Etats Unis car elle est la cible d’attaques violentes après qu’elle ait déclaré, suite à ses recherches, que la majorité des femmes mariées depuis plus de 5 ans essayaient d’avoir des relations avec d’autres hommes.
En 1988, Shere Hite s’installe en Allemagne et publie en 2002 : « Le nouveau rapport Hite. L’enquête la plus révolutionnaire jamais menée sur la sexualité féminine ».
Aujourd’hui, elle vit au Japon, enseigne à l’université Nihon et dirige le « Hite Research » organisme indépendant de recherche sur la sexualité et l’éthique dans le travail et la vie privée.
Le premier « Rapport Hite » bien que datant de plusieurs décennies, me semble toujours d’actualité pour réfléchir sur la sexualité et les violences sexuelles et se situer, entre puritanisme et factice liberté sexuelle, en tant que féministe.

Commentaires