La Revue de Presse du 5 février 2018

Violences contre les femmes - La loi vous protège ? #25novembre : ne rien laisser passer

Mais, quelle loi nous protège ?
Celle de 1980, relative à la répression du viol et de certains attentats aux mœurs qui apporte une définition précise du viol :
« Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise est un viol » ?
Celle de 1992, relative à l’abus d’autorité en matière sexuelle dans les relations de travail et qui définit le harcèlement sexuel au travail ?
Celle de 2006, qui renforce la prévention et la répression des violences au sein du couple ou commises contre les mineurs renforce également la prévention et la lutte contre le mariage forcé en alignant l’âge légal du mariage pour les filles sur celui des garçons à 18 ans;
Celle de 2010, celle de 2016 ...
La liste des lois est longue, mais aussi celle des multiples campagnes lancées par les pouvoirs publics.
La consultation du tableau vous éclairera.
Mais à quoi peuvent bien servir toutes ces lois, toutes ces campagnes, puisqu’en matière de violences faites aux femmes ces mesures n’ont eu que très peu d’effets ? Alors, que faire ? Et bien recommencer, encore et toujours, les mêmes annonces. C’est ainsi qu’en mars 2017, la lutte contre les violences faites aux femmes est déclarée "Grande cause régionale" par la présidente de la région Île-de-France. En janvier 2018, soit dix mois plus tard, ça bougerait en Île-de-France ?
Les "frotteurs" dans les transports en commun, c’est fini, ou presque ? Sur Twitter le 11 janvier 2018, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, annonce ou plutôt confirme ce qu’elle avait déjà annoncé en mars 2017, c’est-à-dire le lancement « d’une campagne d’alerte » contre "les frotteurs et les harceleurs des transports en commun", à travers un numéro dédié (tel/sms) 31117 et une application consacrée aux phénomènes de harcèlement.
Plus exactement, elle annonce que la région « lancera » (l’emploi du futur est intéressant) une campagne d’alerte pour lever l’omerta contre les frotteurs et les harceleurs des transports en commun. Son tweet se termine sur cette phrase « grandiose » : « La sécurité des femmes, ça nous concerne ! ». Nous n’en n'attendions pas moins d’une élue qui proclamait lors de la campagne pour les élections régionales qu’il n’y avait « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ».
En attendant, le lancement de cette campagne , ses effets ainsi que l’arbitrage du gouvernement, voici une modeste proposition pour mettre fin à la misère sexuelle.
Que répondre à des lycéennes qui se révoltent contre le harcèlement sexuel qu’elles vivent au quotidien ? « Ne vous inquiétez pas, la Présidente de la région Île-de-France s’en occupe ? »
En matière d’inégalité salariale, autre violence faite aux femmes - sans oublier d’évoquer le harcèlement sexuel au travail , là aussi, combien de lois ont été promulguées sans qu’elles soient appliquées par les employeurs ?
L’actualité immédiate dans ce domaine, c’est l’interview de Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes invitée sur France Inter le 29 janvier dernier. A propos de l’inégalité salariale entre les femmes et les hommes, le journaliste qui l’interviewe sait ce qu’il faut faire : « Pourquoi vous ne faites pas voter, une fois pour toute, une loi pour interdire cette inégalité ? » lui assène-t-il. C’est si simple ! Il suffisait d’y penser !
La réponse de La Secrétaire d’Etat ouvre sur beaucoup plus de complexité. Elle précise qu’en France, payer une femme moins qu’un homme est interdit depuis les années 80. La loi existe mais elle n’est pas appliquée. C’est d’ailleurs le premier défi auquel elle veut se consacrer en 2018 (voir notre revue de presse du 15 janvier 2018).
Le principe "à travail égal, salaire égal" est inscrit dans la loi depuis 1972. Dix ans plus tard, toujours pas d’évolution notable puisque la ministre des droits de la femme de l’époque, Yvette Roudy, estimait qu’il y avait encore "des discriminations flagrantes et pour les réduire il faut attaquer sur tous les terrains ". Alors en 1983, la loi Roudy sur l'égalité professionnelle était instaurée pour lutter contre les inégalités de salaire et d'accès à l'emploi.
D’autres lois vont suivre, comme la loi Génisson en 2001. En 2005, rien n’a évolué, ou presque, alors Nicole Ameline, ministre de la parité et de l’égalité professionnelle se fixait cinq ans pour réduire "totalement" les écarts salariaux. En 2006, l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes donnait un délai de cinq ans aux entreprises pour combler les retards. En 2018, qu’est-ce qui a changé ? Rien, puisque dans ses défis pour 2018, la Secrétaire d’Etat se pose toujours la question de savoir comment imposer cette égalité femmes / hommes en matière de salaire. (Voir l'édito plus bas). Pourtant, Yvette Roudy a tout dit ou presque sur la question de l’égalité femmes / hommes mais pas que pour les questions salariales. Elle parle également de la question du sexisme et de celle du féminisme dans les interviews que vous pourrez lire en suivant les liens suivants.
Presqu’une blague… Le Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise qui supervise le Code de Gouvernance Afep/Medef, qui promeut la parité dans les Conseils d’administration fait très fort : Sur ses huit membres, une seule femme…
Dans notre actualité, nous vous proposons plusieurs sujets sur les inégalités salariales souvent liées au sexisme ambiant. Des femmes journalistes, dénoncent les inégalités salariales auxquelles elles sont confrontées.
Les carrières précaires, où les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.
Nous mettons également en lumière le sexisme dans le sport,  dans le monde scientifique
En matière de sexisme, nous vous proposons aussi la lecture d’un article qui concerne l’enseignement moral et civique dispensé dans les manuels scolaires. Si la grande ambition de notre société est d’atteindre l’égalité femmes / hommes pour éradiquer toutes les violences faites aux femmes alors, nous ne le dirons jamais assez, commençons par éduquer les garçons et les filles au respect de l’autre et à l’égalité.
Un article dans le magazine 50/50 de novembre 2017 propose un état des lieux quant aux violences faites aux femmes au travail : des chiffres et des lois. En 2007, l’enquête INSEE montrait que 25% des agressions sexuelles et 4,7% des viols dont les femmes sont victimes se sont produits sur leur lieu de travail. Des chiffres inquiétants…  Revenons sur les enquêtes de cette dernière décennie et sur le cadre juridique français pour tenter d’expliquer un phénomène enfin au cœur des débats.
Malgré toutes les difficultés et les violences auxquelles se heurtent les femmes, elles ne lâchent rien. Plusieurs initiatives nous le montrent :
Regardons loin, au Niger, où les femmes représentent plus de la moitié des 20 millions d’habitants : « entreprendre, c’est un vrai défi” explique Aïcha Macky, l’ambassadrice de l’Oasis, un centre dédié à la promotion de l’entreprenariat féminin.
Au Caire, sur la place Tahrir: les femmes égyptiennes résistent, le dos courbé, mais le poing levé.
Plus près de nous, des mères s’appuient sur leur savoir-faire culinaire pour lutter contre les violences.
Des montreuilloises agissent et n’hésitent pas à traverser les océans pour aller à la rencontre des brésiliennes victimes de violence.
Des militantes d’Osez le féminisme interpellent les sénateurs sur les violences contre les mineur.e.s.
Une illustratrice se sert de ses crayons pour déconstruire les stéréotypes de genre chez les enfants.
Même les hommes s'y mettent, un photographe libanais détourne des pubs sexistes vintage en inversant les rôles.
 Raphaël Glucksmann, directeur de la rédaction du Nouveau Magazine Littéraire, et Michel Hazanavicius, réalisateur s'engagent pour l'égalité.
« Violences contre les femmes - la loi vous protège » peut-être ?
Permettez-nous d’en douter lorsqu’il est question pour une femme victime de violences sexuelles de dénoncer son agresseur. Pourquoi est-ce si difficile de reconnaître qu’une femme qui porte plainte pour violences le fait car elle a été victime de tels actes ? C’est un sujet récurrent dans nos newsletters. Mais, le chemin sera encore long, trop long, avant que toutes les suspicions tombent et que disparaissent les qualificatifs d’affabulatrices, d’accusatrices, de menteuses.
« La sécurité des femmes, ça nous concerne ! » disent haut et fort certaines élues. Alors, agissez pour le droit des femmes à ne plus vivre dans l’insécurité et la violence dans tous les domaines de leur quotidien. Aucun homme ne peut désormais ignorer la portée de certains actes.
Pour terminer cet édito des histoires de femmes : Amy PURDY une sportive que rien n’arrête malgré un handicap majeur.
 Betty BOOB, une femme qui surmonte un cancer du sein.
Des femmes qui ont révolutionné l’informatique moderne.
Et, Fifi Brindacier, une petite fille libre, féministe de bande dessinée que les plus anciennes d’entre nous retrouverons avec joie et que les nouvelles générations vont découvrir. "En Suède, Fifi Brindacier, est considérée comme une icône féministe. Libre, indépendante, puissante, la jeune héroïne «anarchiste en camisole de force» remet en cause les rapports de pouvoir entre adultes et enfants, entre garçons et filles."


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L'édito du 15 janvier 2018 


Aujourd’hui lundi 15 janvier 2018, premier éditorial de cette nouvelle année nous commencerons, pleines de colère, par évoquer Mariama poignardée et jetée du quatrième étage par son mari le 29 décembre 2017, à Montreuil. C’est sur ce féminicide que se termine l’année 2017 dont Mariama est la 130ème femme assassinée par un conjoint, ex-conjoint, compagnon ou ex-compagnon dans une indifférence quasi générale. 130 féminicides en France en 2017 et combien d’enfants victimes collatérales de ces violences ultimes ?
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’une Montreuilloise trouve la mort sous les coups de son mari, rappelons-nous Aïcha ce n’est pas la première fois que des voisins, des proches, des militant-e-s associatif-ve-s, des élu-e-s organisent un hommage à ces femmes mais, ce qui est différent en ce début d’année c’est que pour la première fois des médias nationaux (radiospresse papier, télévision) ont relayé l’appel pour la marche silencieuse en hommage à Mariama. Peut-être une ouverture vers une réelle prise de conscience des violences faites aux femmes pour rendre visible ces féminicides (meurtres, assassinats) ?
Et si en 2018, le mot féminicide entrait, enfin, dans le langage courant, dans les dictionnaires, les assassinats de femmes ne seraient plus relégués à la rubrique « faits divers » ou « divertissement » comme nous avons pu le lire quelquefois.
En 2018, plus que jamais, la lutte continuera pour dénoncer encore et encore ces féminicides. Trop de femmes dans le monde sont assassinées par un conjoint ou ex. A partir d’aujourd’hui plus une femme ne doit manquer, ni una menos.
L'insupportable carte de France des féminicides par (ex) compagnons en 2017 :
Faut-il interpeller nos gouvernants sur le fait que, tous les 3 jours, une femme meurt sous les coups d’un mari (ou ex) d’un compagnon (ou ex) sans que cela ne leur soit une préoccupation première ? Faut-il les interpeller sur les victimes collatérales que sont les enfants ? Quid des femmes blessées par leurs conjoints, à quand des mises à l’abri efficaces ?
Dans le journal municipal de Montreuil, (N° 47 du 12 au 24 janvier 2018)  le Maire de Montreuil, s’engage enfin, avec le Conseil Municipal à mettre sur pied un plan de sauvegarde. « Les Montreuilloises doivent se savoir protégées » dit-il. Cela confirme-t-il qu’il n’y avait pas de plan d’urgence jusque là ?  Attendons de voir quelles seront les modalités de la mise en œuvre de ce plan et surtout de connaître son contenu.
A ce propos, en 2017, la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes Marlène Schiappa s’était engagée à faire bouger les lignes, s’alignant sur les prises de position du Président de la République qui fait de l’égalité femmes/hommes la grande cause nationale du quinquennat. "La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", avait affirmé Emmanuel Macron  dans son discours du 25 novembre dernier, journée contre les violences faites aux femmesQue va proposer Marlène Schiappa pour faire de la France un territoire où les femmes se sentent en sécurité et ce, dès 2018 comme pour faire avancer l’égalité femmes/hommes ?
C’est un vaste chantier que celui d’aboutir à reconnaitre la place, rien que la place mais, toute la place des femmes dans notre société. Pourquoi cette égalité fait si peur aux hommes, pas à tous les hommes mais encore à un trop grand nombre et aussi, à des femmes qui, sous le couvert d’une pseudo volonté de « sauver les femmes d’une influence néfaste des féministes (oh ! le vilain mot !) qui n’ont qu’une obsession enfermer les femmes dans la victimisation.
Vous l’aurez compris, nous parlons, là, de la « fameuse tribune » signée par une centaine de femmes.
Sous le prétexte « d’une autre parole libérée » que nous disent ces femmes quand elles revendiquent, pour les hommes, « la liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle » ? Et quand certaines se répandent en propos nauséabonds sur les médias qui leur ont prêté, pour la plupart, une oreille quelque peu complaisante ?
Balayant d’un revers de « mots » les luttes des féministes engagées depuis des décennies contre les violences faites aux femmes, reniant le statut de victime aux femmes qui depuis l’affaire Weinstein s’expriment sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences subies, elles nous disent tout simplement le mépris qu’elles ont envers d’autres femmes, celles qui refusent d’être des objets sexuels ou celles qui sont victimes de harcèlement, d’agression et de violences sexuelles.
Pour nous, reconnaitre qu’il y a des victimes et des auteurs d’actes délictueux c’est reconnaitre les femmes comme sujet de droit à part entière.
Oui, c’est une banalisation du viol et de ses conséquences dramatiques pour les femmes qui en ont été victimes lorsque l’une des signataires C. Millet répète ce qu’elle a déjà dit « qu’elle regrettait de ne pas avoir subi de viol pour prouver que l’on peut s’en remettre ».
Oui c’est un appel à la violence et au harcèlement dans les transports quand la même personne récidive en parlant, à propos des frotteurs dans le métro, de « misère sexuelle » et qu’elle assigne alors aux femmes victimes de ces actes, un rôle d’objet, d’antidépresseur avec l’injonction de le vivre comme un « non - évènement ».
Quant aux pleurs de Brigitte Lahaie, nous n’en avons rien à faire. Ses propos sont ignobles et le mal est fait pour les femmes victimes de viol qui ont pu se sentir humiliées et bafouées dans leur dignité et celles pour lesquelles ses paroles n’ont fait qu’aggraver honte et culpabilité. Alors, Brigitte Lahaie, un peu de décence et de respect pour les femmes que vos propos ont insultées.
« Moi je, moi je… » et toutes les femmes qui ne sont pas dans leur registre de pensée ne sont que de faibles femmes !!! Elles, elles savent comment il faut faire pour remédier aux problèmes des violences contre les femmes : il suffit d’éduquer les petites filles à apprendre à se défendre !!!
Pour compléter ce propos, voici un certain nombre de liens dans lesquels vous pourrez lire les réactions, les prises de positions de féministes qui argumentent sur des positions radicalement en désaccord avec « la tribune des 100 ». Et, nous vous renvoyons également au billet d’humeur d’Aline Arnaud à venir sur notre blog ainsi qu’à la tribune de Christine Bard, féministe, historienne.
Et terminons par une parole d’engagement de Geneviève Fraisse qui nous prouve que nous ne nous trompons pas de combat quand nous luttons contre les violences faites aux femmes :
« A chaque fois qu’il y a une révolution féministe, on crie "danger »
Il reste encore du travail pour faire accepter que l’égalité entre les femmes et les hommes ne soit pas un gros mot et qu’elle ne doit pas rester qu’une utopie ou qu’une parole condescendante de reconnaissance. En effet « c’est pas normal !!! » comme nous pouvons l’entendre trop souvent ;
Il serait temps que les craintifs, les peureux, les pour qui cela semble trop compliqué admettent  cette égalité 1 femme = 1 homme.
Certains ont dû longuement cogiter avant de proposer des solutions aux violences faites aux femmes. Et, miracle, ils ont trouvé. C’est simple : il suffit de séparer les femmes et les hommes.
À Berlin, en réponse aux évènements de Cologne en 2016, pour la nuit du 31 décembre 2017, des zones de festivité ont été réservées aux femmes. Vous pourrez lire dans l’article que déjà en 1973 quelqu'un a suggéré à la Première ministre israélienne Golda Meir d'imposer un couvre-feu aux femmes pour les protéger des viols.
Elle a répondu qu'il serait plus logique d'imposer un couvre-feu aux hommes plutôt qu'à leurs victimes. Une autre vision du combat féministe.
Au Maroc, on réfléchit à mettre en circulation des bus mais… des bus roses !!! Beaucoup de Marocains ont condamné sur les réseaux sociaux le fait que les femmes vont être parquées dans des bus et que cela ne fera qu’accentuer les inégalités femmes-hommes -
A Bordeaux, suite à une série de viols, ce sont des conseils « avisés » qui sont donnés aux femmes pour leur éviter d’être violées… quand elles rentrent seules chez elle !

Si nous reprenons les sujets traités dans cet édito et dans les articles de la newsletter, nous pouvons repérer que les hommes ne sont jamais interpellés dans leur responsabilité et dans ce qu’ils pourraient faire, eux, pour participer aux luttes contre les violences faites aux femmes. Nous avons eu envie de vous faire partager le blog « éduque ton porcelet » pour sensibiliser au fait qu’il faut éduquer aussi et surtout les garçons!
N’oublions pas Maudy PIOT décédée le 25 décembre 2017. Psychanalyste malvoyante, elle a  créé en 2003 l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir : FDFA. Elle était également membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes depuis 2005.

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