La Revue de Presse du 15 janvier 2018

Aujourd’hui lundi 15 janvier 2018, premier éditorial de cette nouvelle année nous commencerons, pleines de colère, par évoquer Mariama poignardée et jetée du quatrième étage par son mari le 29 décembre 2017, à Montreuil. C’est sur ce féminicide que se termine l’année 2017 dont Mariama est la 130ème femme assassinée par un conjoint, ex-conjoint, compagnon ou ex-compagnon dans une indifférence quasi générale. 130 féminicides en France en 2017 et combien d’enfants victimes collatérales de ces violences ultimes ?
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’une Montreuilloise trouve la mort sous les coups de son mari, rappelons-nous Aïcha ce n’est pas la première fois que des voisins, des proches, des militant-e-s associatif-ve-s, des élu-e-s organisent un hommage à ces femmes mais, ce qui est différent en ce début d’année c’est que pour la première fois des médias nationaux (radios, presse papier, télévision) ont relayé l’appel pour la marche silencieuse en hommage à Mariama. Peut-être une ouverture vers une réelle prise de conscience des violences faites aux femmes pour rendre visible ces féminicides (meurtres, assassinats) ?
Et si en 2018, le mot féminicide entrait, enfin, dans le langage courant, dans les dictionnaires, les assassinats de femmes ne seraient plus relégués à la rubrique « faits divers » ou « divertissement » comme nous avons pu le lire quelquefois.
En 2018, plus que jamais, la lutte continuera pour dénoncer encore et encore ces féminicides. Trop de femmes dans le monde sont assassinées par un conjoint ou ex. A partir d’aujourd’hui plus une femme ne doit manquer, ni una menos.
L'insupportable carte de France des féminicides par (ex) compagnons en 2017 :
Faut-il interpeller nos gouvernants sur le fait que, tous les 3 jours, une femme meurt sous les coups d’un mari (ou ex) d’un compagnon (ou ex) sans que cela ne leur soit une préoccupation première ? Faut-il les interpeller sur les victimes collatérales que sont les enfants ? Quid des femmes blessées par leurs conjoints, à quand des mises à l’abri efficaces ?
Dans le journal municipal de Montreuil, (N° 47 du 12 au 24 janvier 2018)  le Maire de Montreuil, s’engage enfin, avec le Conseil Municipal à mettre sur pied un plan de sauvegarde. « Les Montreuilloises doivent se savoir protégées » dit-il. Cela confirme-t-il qu’il n’y avait pas de plan d’urgence jusque là ?  Attendons de voir quelles seront les modalités de la mise en œuvre de ce plan et surtout de connaître son contenu.
A ce propos, en 2017, la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes/hommes Marlène Schiappa s’était engagée à faire bouger les lignes, s’alignant sur les prises de position du Président de la République qui fait de l’égalité femmes/hommes la grande cause nationale du quinquennat. "La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur", avait affirmé Emmanuel Macron  dans son discours du 25 novembre dernier, journée contre les violences faites aux femmes. Que va proposer Marlène Schiappa pour faire de la France un territoire où les femmes se sentent en sécurité et ce, dès 2018 comme pour faire avancer l’égalité femmes/hommes ?
C’est un vaste chantier que celui d’aboutir à reconnaître, la place, toute la place des femmes dans notre société. Pourquoi cette égalité fait si peur aux hommes, pas à tous les hommes mais encore à un trop grand nombre et aussi, à des femmes qui, sous le couvert d’une pseudo volonté de « sauver les femmes d’une influence néfaste des féministes (oh ! le vilain mot !) qui n’ont qu’une obsession enfermer les femmes dans la victimisation.
Vous l’aurez compris, nous parlons, là, de la « fameuse tribune » signée par une centaine de femmes.
Sous le prétexte « d’une autre parole libérée » que nous disent ces femmes quand elles revendiquent, pour les hommes, « la liberté d’importuner indispensable à la liberté sexuelle » ? Et quand certaines se répandent en propos nauséabonds sur les médias qui leur ont prêté, pour la plupart, une oreille quelque peu complaisante ?
Balayant d’un revers de « mots » les luttes des féministes engagées depuis des décennies contre les violences faites aux femmes, reniant le statut de victime aux femmes qui depuis l’affaire Weinstein s’expriment sur les réseaux sociaux pour dénoncer les violences subies, elles nous disent tout simplement le mépris qu’elles ont envers d’autres femmes, celles qui refusent d’être des objets sexuels ou celles qui sont victimes de harcèlement, d’agression et de violences sexuelles.
Pour nous, reconnaitre qu’il y a des victimes et des auteurs d’actes délictueux c’est reconnaitre les femmes comme sujet de droit à part entière.
Oui, c’est une banalisation du viol et de ses conséquences dramatiques pour les femmes qui en ont été victimes lorsque l’une des signataires C. Millet répète ce qu’elle a déjà dit « qu’elle regrettait de ne pas avoir subi de viol pour prouver que l’on peut s’en remettre ».
Oui c’est un appel à la violence et au harcèlement dans les transports quand la même personne récidive en parlant, à propos des frotteurs dans le métro, de « misère sexuelle » et qu’elle assigne alors aux femmes victimes de ces actes, un rôle d’objet, d’antidépresseur avec l’injonction de le vivre comme un « non - évènement ».
Quant aux pleurs de Brigitte Lahaie, nous n’en avons rien à faire. Ses propos sont ignobles et le mal est fait pour les femmes victimes de viol qui ont pu se sentir humiliées et bafouées dans leur dignité et celles pour lesquelles ses paroles n’ont fait qu’aggraver honte et culpabilité. Alors, Brigitte Lahaie, un peu de décence et de respect pour les femmes que vos propos ont insultées.
« Moi je, moi je… » et toutes les femmes qui ne sont pas dans leur registre de pensée ne sont que de faibles femmes !!! Elles, elles savent comment il faut faire pour remédier aux problèmes des violences contre les femmes : il suffit d’éduquer les petites filles à apprendre à se défendre !!!
Pour compléter ce propos, voici un certain nombre de liens dans lesquels vous pourrez lire les réactions, les prises de positions de féministes qui argumentent sur des positions radicalement en désaccord avec « la tribune des 100 ». Et, nous vous renvoyons également au billet d’humeur d’Aline Arnaud à venir sur notre blog ainsi qu’à la tribune de Christine Bard, féministe, historienne.
Et terminons par une parole d’engagement de Geneviève Fraisse qui nous prouve que nous ne nous trompons pas de combat quand nous luttons contre les violences faites aux femmes :
« A chaque fois qu’il y a une révolution féministe, on crie "danger »
http://www.liberation.fr/france/2018/01/12/un-porc-tu-nais_1621913
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/110118/les-feministes-peuvent-elles-parler-0
https://www.nouvelobs.com/societe/20180110.OBS0427/agressions-harcelement-et-si-assumer-d-etre-victime-pouvait-etre-liberateur.html
https://www.mediapart.fr/journal/france/120118/catherine-deneuve-metoo-et-les-baisers-voles?utm_source=20180112&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xts=&xtor=EREC-83-%5BQUOTIDIENNE%5D-20180112&xtloc=&url=&M_BT=125736331473
https://www.ouest-france.fr/societe/tribune-pour-la-liberte-d-importuner-des-feministes-s-indignent-5491753
https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/tribune-pour-la-liberte-d-importuner-c-est-tres-pathetique-repond-la-journaliste-a-l-origine-de-balancetonporc_2554709.html
http://www.aufeminin.com/news-societe/le-monde-tribune-catherine-deneuve-liberte-d-importuner-harvey-weinstein-balance-ton-porc-me-too-s2463985.html
Il reste encore du travail pour faire accepter que l’égalité entre les femmes et les hommes ne soit pas un gros mot et qu’elle ne doit pas rester qu’une utopie ou qu’une parole condescendante de reconnaissance. En effet « c’est pas normal !!! » comme nous pouvons l’entendre trop souvent ;
Il serait temps que les craintifs, les peureux, les pour qui cela semble trop compliqué admettent  cette égalité 1 femme = 1 homme.
Certains ont dû longuement cogiter avant de proposer des solutions aux violences faites aux femmes. Et, miracle, ils ont trouvé. C’est simple : il suffit de séparer les femmes et les hommes.
À Berlin, en réponse aux évènements de Cologne en 2016, pour la nuit du 31 décembre 2017, des zones de festivité ont été réservées aux femmes. Vous pourrez lire dans l’article que déjà en 1973 quelqu'un a suggéré à la Première ministre israélienne Golda Meir d'imposer un couvre-feu aux femmes pour les protéger des viols.
Elle a répondu qu'il serait plus logique d'imposer un couvre-feu aux hommes plutôt qu'à leurs victimes. Une autre vision du combat féministe.
Au Maroc, on réfléchit à mettre en circulation des bus mais… des bus roses !!! Beaucoup de Marocains ont condamné sur les réseaux sociaux le fait que les femmes vont être parquées dans des bus et que cela ne fera qu’accentuer les inégalités femmes-hommes -
A Bordeaux, suite à une série de viols, ce sont des conseils « avisés » qui sont donnés aux femmes pour leur éviter d’être violées… quand elles rentrent seules chez elle !

Si nous reprenons les sujets traités dans cet édito et dans les articles de la newsletter, nous pouvons repérer que les hommes ne sont jamais interpellés dans leur responsabilité et dans ce qu’ils pourraient faire, eux, pour participer aux luttes contre les violences faites aux femmes. Nous avons eu envie de vous faire partager le blog « éduque ton porcelet » pour sensibiliser au fait qu’il faut éduquer aussi et surtout les garçons!
N’oublions pas Maudy PIOT décédée le 25 décembre 2017. Psychanalyste malvoyante, elle a  créé en 2003 l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir : FDFA. Elle était également membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes depuis 2005.
 « Je n’ai pas le temps d’être malade, j’ai encore tant à faire »

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